Un lieu singulier d’histoires au pluriel
Affirmer les racines de chacun dans un monde devenu éphémère et superficiel, avec des objets et des meubles uniques qui ont une histoire : c’est ainsi que Jean-Luc Freundorfer décrit la vocation d'Au Soli, l’entreprise familiale qu’il dirige à Megève. C’est aussi un lieu atypique, à la croisée du cabinet de curiosités, de la galerie d’exposition et de l’ébénisterie.
L’entreprise Au Soli est fidèle à un credo, « l’authenticité », qui a construit son identité depuis sa création il y a près de 95 ans. Aujourd’hui encore, l’espace d’exposition recèle des trésors de mobilier et d’objets décoratifs. Son dirigeant actuel, Jean-Luc Freundorfer, petit-fils du fondateur de l’entreprise familiale, préfère parler d’un lieu d’histoires – celles que racontent les objets qui s’y trouvent - plus que d’un lieu de vente en tant que tel. En effet, de l’atelier d’antan du grand-père, créé en 1923, il demeure un fort attachement au bois, aux matières authentiques, et aux « objets de rencontres et de hasard » que l’équipe aime à faire connaître à une clientèle composée de particuliers et de professionnels. Des objets que son dirigeant passionné part chiner « en Suisse, en Autriche, en Bavière… « Les gens viennent découvrir quelque chose en entrant ici », explique-t-il. Pour cette petite entreprise familiale de 6 personnes, aux compétences complémentaires, la démarche repose surtout sur « l'affirmation des racines de chacun dans un monde devenu éphémère et superficiel. Ce que veulent les consommateurs, ce sont des objets et des meubles uniques qui ont une histoire ».
L’entreprise haut-savoyarde est à la fois « un atelier de fabrication de meubles, un bureau d’études de décoration d’intérieur et un espace d’exposition ». Son dirigeant ajoute : « nous avons des mécènes qui peuvent nous accompagner sur certaines créations, mais notre clientèle peut aussi être Monsieur Tout-le-Monde qui souhaite se faire plaisir avec un meuble ou un objet de qualité ». En revanche, s’il s’adresse à des clients exigeants, en recherche de produits particuliers, Jean-Luc Freundorfer préfère parler d’un positionnement « résolument haut de gamme » qui répond à une notion « de goût et de culture » plutôt qu’à une unique question de prix. « Bien sûr, il y a des pièces plus chères, nous vendons des œuvres et des sculptures, mais l’essentiel est de vendre au juste prix. De cette manière, les rapports sont sains avec les gens. Avant tout, il est important de leur expliquer ce que l’on vend. C’est crucial ! Il faut les sensibiliser. Et pour cela, il faut arrêter de voir les personnes comme de simples clients qui entrent dans un magasin, mais les envisager telles qu’elles sont, à savoir des personnes avec une sensibilité propre.»
Fabrication artisanale et restauration d’œuvres
Pour ce faire, Au Soli mise sur une « fabrication traditionnelle » nourrie par les racines que l’entreprise puise dans l’arc alpin (région englobant le centre-est de la France, le sud de l’Allemagne, l’Autriche, le nord de l’Italie et la Suisse)… « Nous empruntons à nos racines pour aller vers le contemporain. Nous créons ainsi des formes nouvelles à partir de bois anciens qui sont vraiment très intéressants à travailler ». L’entreprise s’appuie sur une tradition d’ébénisterie pour fabriquer du mobilier neuf, mais peut aussi donner une nouvelle vie à des pièces anciennes.
Aujourd’hui, un tiers de l’activité d’Au Soli est consacrée à la fabrication artisanale et un tiers à la décoration. Car le dernier tiers de son activité est dédiée à la restauration d’objets. « Au Soli, c’est en fait tout un ensemble de choses : de la moindre petite pièce en bois, jusqu’à la grande pièce faite avec amour et que l’on va restaurer. Par ailleurs, la restauration d’œuvres nourrit notre démarche de fabricant et peut ainsi nous donner des idées pour de prochaines créations de mobilier, par exemple », précise Jean-Luc Freundorfer.
En effet, l’entreprise comprend un département de restauration, notamment d’œuvres d’art. Dirigé par une amie de la famille et collaboratrice, Larissa Mayorova, ce département peut compter sur l’expérience et la passion de cette artiste-peintre qui a fait ses classes en Russie. Formée aux Beaux-Arts, elle a travaillé plusieurs années à restaurer des icônes dans des monastères puis dans des musées à Saint-Pétersbourg. Médaillée au Grand Palais à Paris, Palme d’Or à Cannes, elle fait profiter l’entreprise de son impressionnant bagage professionnel depuis plus de dix ans. Peintures, sculptures ou dorures viennent ainsi agrémenter l’offre de ce lieu décidément atypique, à la croisée du cabinet de curiosités, de la galerie d’exposition et de l’ébénisterie…
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