L’art est toujours présent dans les projets engagés et concrétisés par Carine Tissot. Cette femme dynamique, présidente de Drawing Hotels Collection et directrice générale de Drawing Now Art Fair, ne conçoit pas en effet de faire de l’hôtellerie sans art. Ouvert en septembre à deux pas de l’Arc de triomphe, le 4 étoiles Miss Fuller le démontre à nouveau… dans un Art du même épithète et 48 chambres décorées par quatre artistes derrière une façade en pierre de taille ouvragée.
Les trois établissements parisiens du groupe Drawing Hotels Collection ont été́ pensés, conçus et réalisés avec des artistes dessinateurs. Sous la forme de cartes blanches et en symphonie avec l’agence d’architecture NIDO, les artistes invités ont librement réalisé des œuvres pour les couloirs, les restaurants, la piscine, les têtes de lits ou encore imaginé des papiers peints et des moquettes inédits. Si la vocation naturelle de tout hôtel est d’être une invitation au voyage, celle-ci se produit dans les établissements de la Drawing Hotels Collection par des escapades artistiques durant lesquelles l’art se retrouve à tous les étages, pour imprégner les jours et les nuits des résidents.
Nous avons déjà consacré un reportage à la boutique-hôtel 4 étoiles Drawing House dans le quartier de Montparnasse (à relire ici) et au Drawing Hotel dans celui du Louvre (à relire ici). Nous avons séjourné cette fois-ci au Miss Fuller Hotel, situé avenue Mac-Mahon, à deux pas de l’Arc de triomphe. Ouvert en septembre dernier, l’établissement a été baptisé ainsi en hommage à Miss Loïe Fuller. Née en 1862 à Fullersburg, cette danseuse et chorégraphe américaine est devenue célèbre pour ses innovations artistiques et esthétiques. Après une carrière dans le théâtre aux États-Unis elle se tourne vers la danse et déménage à Paris en 1892 où elle rencontre un immense succès. Pionnière de la danse moderne, elle hypnotise la scène des Folies Bergères avec ses danses serpentines.
La belle façade en pierre de taille ouvragée de l’immeuble a quant à elle été réalisée par l’architecte de renom Louis Arthur Marnez en 1894 dans le style de l’Art nouveau flamboyant, que l’hôtel Miss Fuller remet au goût du jour les codes de ce style. Caractérisé par l’usage des courbes, des motifs végétaux et d’un fort attrait pour la décoration, l’Art nouveau est à la fois simple et harmonieux.
Chaque détail de l’hôtel Miss Fuller a été minutieusement pensé et choisi, par l’agence d’architecture d’intérieur NIDO, dans l’héritage de ce mouvement artistique. Le bois, le verre, le métal, le papier-peint sont utilisés pour donner aux lieux leur cachet unique. Dès l’entrée, le vitrail de l’artiste Jacques Gruber (1870-1936), représentant le signe du verseau, annonce le voyage dans le temps qui démarre. Le traitement exceptionnel du verre texturé et assemblé entre en parfaite harmonie avec le choix du mobilier de la réception et du bar lounge attenant. Le rez-de-chaussée de l’hôtel Miss Fuller baigne dans la lumière grâce à la magnifique verrière en corbeille qui puise la lumière zénithale dans la cour intérieure de l’hôtel ainsi que son ouverture vers un patio végétalisé. L’architecture est sublimée, les courbes révélées et le confort y est optimal. Mobilier, vaisselle, tapis et textiles sont en accords parfaits dans les tons naturels.
Coup de cœur, le lounge prend place sous la verrière, intégralement investie par l’artiste Raphaëlle Peria. À bord d’une barque, le résident contemple le panorama qu’offre la nature et ses arbres au fur et à mesure des variations chromatiques que leur apportent les quatre saisons. Le dessin y est délicat, la matière est grattée afin de révéler le cœur du papier.
Le mobilier des 48 chambres a été choisi avec soin. Le métal en courbes, hommage à l’art d’Hector Guimard (1867-1942), est employé pour les piétements en volutes des tables. Une magnifique verrière, revisitant ces mêmes courbes révèle un placard et l’accès à la salle de bains. Le bois naturel se retrouve sur les tables de chevet ainsi que la magnifique tête de lit en cannage de cuir dont la forme est en harmonie avec l’œuvre de l’ébéniste Louis Majorelle (1859-1926). La suspension de verre coloré à franges au-dessus de la table et les luminaires des chambres sont des clins d’œil au maître verrier Émile Gallé (1846-1904) et la console retrouve les formes arrondies et naturelles de l’orfèvre René Lalique (1860-1945). Les chaises en rotin tressé sont directement inspirées de la popularité de ce matériau durable depuis le XIXe siècle.
48 chambres, 4 étages, 4 artistes et autant d’ambiances
Les chambres de l’hôtel Miss Fuller ont toutes été réalisées avec des artistes dessinateurs avec la complicité de la Drawing Society. Sur le modèle de la carte blanche, les artistes ont dessiné les motifs des moquettes, les papiers peints des couloirs ainsi que ceux à l’intérieur des chambres. Dans l’héritage de l’Art nouveau et nourris par leurs recherches dans l’histoire, les artistes proposent une ambiance différente à chaque étage.
Au premier étage, Camille Chastang a joué sur les contrastes. Si le couloir est recouvert de papier-peint noir et blanc parsemé de camés végétaux réalisés à la main, la chambre est un éventail de couleurs. Les fleurs luxuriantes recouvrent les murs et font parfaitement échos aux papiers peints de l’époque ainsi qu’aux couleurs des robes de Miss Fuller lors de ses performances.
À l’étage au-dessus, l’artiste Fabrice Cazenave invite au sommeil. Le couloir est une nature vue de nuit réalisée sur textile décoloré et réhaussé au fusain végétal. La chambre est quant à elle recouverte de graphite sur lequel l’artiste vient dessiner deux plantes propices au sommeil : la verveine et la camomille. Ces dessins sont obtenus par effacement de la matière qui révèle le papier support.
Au troisième étage, l’artiste Chloé Dugit-Gros déploie son vocabulaire graphique à travers un lexique de formes inspirées de l’Art nouveau. Ainsi, les coups de pinceaux sur la moquette sont un parfait écho à la géométrie des murs dont les dessins questionnent le rapport au motif. La répétition des fleurs et des formes invite à se rapprocher des murs pour en découvrir tous les détails.
Au quatrième étage, l’artiste Camille Fischer vous invite au voyage. L’artiste joue du positif et du négatif que peut créer un dessin sur du papier fin. Elle donne à voir le recto et le verso de sa feuille. Dans les chambres l’évasion est exotique laissant s’échapper une nature foisonnante qui monte jusqu’au plafond.
Certaines chambres bénéficient de balcons avec une vue exceptionnelle sur l’Arc de Triomphe. Le cinquième et dernier étage offre quatre suites en duplex avec une vue imprenable sur les toits de Paris, chacune réalisée avec les œuvres des artistes invités.
Si les résidents du Miss Fuller Hotels sont immergés dans l’art, ils sont aussi encouragés par sa conciergerie dédiée à profiter de ses bienfaits lors de leur séjour à Paris, ville incontournable aux innombrables musées et salles de spectacle. De saines activités pour l’esprit qui sont aussi proposées aux entreprises dans le cadre de leurs séminaires pour lesquels des espaces modulables sont réservés.
Jérôme Alberola
Pour découvrir davantage cet établissement, cliquez sur https://www.missfullerhotel.com/
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