Esprit de synthèse pour l'innovation VIA le design

Actualités - 25 mai 2018

Esprit de synthèse pour l’innovation VIA le design

Directeur général du VIA (Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement) depuis bientôt 3 ans, Jean-Paul Bath réalise la synthèse de son parcours entre les mondes scientifiques, artistiques et industriels. Rencontre. 

 

Culture Agencement : Ingénieur de formation, vous avez travaillé pour de grands groupes industriels, avant de devenir administrateur de la direction de la communication au Centre Pompidou, puis directeur commercial et éditorial de la Cité des sciences et de l’industrie. En quoi ces diverses expériences vous inspirent et vous aident-elles dans la fonction de directeur général du VIA que vous occupez depuis bientôt trois ans ?

Jean-Paul Bath : « Depuis mon arrivée au Centre Pompidou, pour ne pas remonter plus loin en arrière, mon objectif a toujours été de rapprocher les mondes de l'industrie et de la création. Il s’est ensuite concrétisé de manière plus prononcée encore avec la société Art Actuel Communication que j’ai fondée en 2001, et dont l’objet est de concevoir et de produire des événements culturels au sein des grandes entreprises, tout secteur d’activité confondu, en opérant cette liaison entre les entreprises et la création contemporaine. Dans le cadre de mes fonctions au VIA, je réalise la synthèse de ce que j’ai pu effectuer lors de mon parcours précédent, sur un sujet qui se prête particulièrement à cette logique. Le design est en effet une création à laquelle collaborent un créateur et un producteur industriel, chacun devant observer des codes et contraintes qui lui sont propres tout en tenant compte de celles de l'autre.  

 

Culture Agencement : Une question en forme de choix cornélien au regard de votre double sensibilité artistique et technique : selon vous, l'ameublement français manque-t-il davantage d'approche créative ou de logique d'optimisation de production ?

Jean-Paul Bath : En qualité de directeur général du VIA, je peux vous faire une réponse claire en rappelant que le sigle de notre organisme signifie Valorisation de l’Innovation dans l'Ameublement et qu’il a été créé dans le but de permettre aux industriels français du meuble d’intégrer davantage de créativité et de design dans leur production. C'est probablement dans ce domaine que résident les enjeux majeurs par lesquels ils pourront se développer. La nécessité d'avoir les outils de production les plus performants est une réalité comprise et même acquise pour nombre d'entre eux, dont les usines n'ont rien à envier à celle des constructeurs automobiles en termes d'automatisation et d'optimisation des process. Les industriels français du meuble doivent en revanche sans cesse se différencier dans un secteur d'activité bouleversé depuis quelques années par une internationalisation très forte, générant une concurrence dure, effroyable même parfois, venue de lointains pays en développement mais aussi d'usines bien plus proches situées en Europe de l'est, dans les pays baltes voire en Espagne. Les coûts de main d'œuvre y sont moins élevés qu'en France permettant des gains de productivité auxquels il est difficile de résister. Dans ce contexte, les meilleures armes pour nos industriels sont de faire montre de créativité et de qualité, tout en restant à la pointe des tendances esthétiques et ergonomiques, en apportant des réponses concrètes et pertinentes aux nouvelles aspirations et usages des consommateurs.   

 

Culture Agencement : C'est donc dans cet esprit que vous avez mis en œuvre diverses animations et expositions, notamment celle intitulée No taste for bad taste, inaugurée l'année dernière au salon du meuble de Milan, doit présenter 40 pièces de mobilier et de décoration emblématiques du design à la française.  

Jean-Paul Bath : Absolument. La vocation de cette exposition itinérante, présente notamment cette semaine au salon ICFF de New York, est de montrer à l'international la force de l’école française du design. Celle-ci est importante et elle mérite d'être largement considérée, aux côtés du design scandinave, dont Ikea est le représentant le plus connu en raison de la démocratisation qu'il a instaurée, et aux côtés du design italien qui bénéficie d'une belle réputation en raison de sa créativité bien mise en valeur par un marketing offensif. À cet effet, nous avons mené une longue réflexion sur l'identité du design français et sur les meilleurs moyens d’en faire la promotion. Nous avons abouti à une définition en dix valeurs (équilibre, touche de luxe, panache, héritage, savoir-faire, etc.) qui fédèrent tous ceux qui s'y inscrivent et poursuivent son histoire au travers d'un écosystème efficace, comprenant d'excellentes écoles de formation, des métiers d'art de très haute facture, de talentueux créateurs designers, des manufactures artisanales et des industriels de dimension internationale. Toute cette dynamique riche et forte de son passé a reçu un très bon accueil dans les divers lieux où s'est tenue l'exposition No taste for bad taste. Cela nous encourage à continuer sur cette voie. »    

 

Propos recueillis par Jérôme Alberola

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