C'est en effet de qu'on pourrait penser du fauteuil pour le moins singulier créé par l'artiste Yayoi Kusama et présenté actuellement à la fondation Vuitton dans le cadre de l'exposition consacrée au prestigieux MoMA de New York. Défense de s'y asseoir, mais pas de regarder…
Certains fauteuils de marques de mobilier d’édition, comme on peut en voir rue du Bac ou sur le boulevard Saint-Germain à Paris, dépassent les 10 000 euros l’unité. Pièces uniques et fleurons du design, diront ses revendeurs pour justifier la somme. Celui présenté en visuel ci-contre vaut sans doute bien davantage - si tant est qu’il soit à vendre - car il est encore plus singulier et unique, et se pose pour ses admirateurs comme un exemple fascinant de l’art contemporain. Exposé à la fondation Vuitton dans le cadre de l’exposition consacrée au prestigieux Museum of Modern Art de New York qui se tient jusqu’au 5 mars, ce fauteuil créé en 1962 est l’œuvre de l’artiste japonaise Yayoi Kusama, née en 1929, et renommée pour son art de la répétition (c’est peu dire) des motifs et des formes.
Reste à savoir ce qui est répété pour mieux définir la nature de l’obsession. En l’occurrence, voici les termes de la fiche du musée :
« Pour Accumulation n°1, Yayoi Kusama à cousu des centaines de protubérance phallique sur un fauteuil avant de le peindre en blanc. Ce fauteuil banal devient alors un objet profondément perturbant à connotations sexuelles. Dans les décennies suivantes, Kusama continuera à couvrir des objets de ce type de proliférations, fidèle à la répétition obsessive constitutive de sa démarche (...) Accumulation n°1 préfigure des pratiques artistiques plus tardives dont le sujet principal sera la question du genre. »
De fait, notre nippone esthète a décliné sa fascination pour l’organe mâle avec un canapé (censé être deux places), mais on aurait tort de la croire obsédée par cet attribut. Ainsi, a-t-elle imaginé et créé une salle à manger qui en est exempte (visuel ci-dessus), mais qui n’est pas moins d’un originale comme son nom est décalé (Chambre237). Certes, à ce niveau-là de conceptualisation, la fonction de l’espace semble secondaire. Certains se demanderont d’ailleurs si la belle d’Edo n’a pas ingurgité quelque champignon plus mexicain qu’asiatique, au vu du caractère et de l’effet psychédéliques de l’espace ci-dessous qu’elle a agencé en rouge et blanc…
Jérôme Alberola
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