Ameublement : des perdants pour une gagnante en 2018
Après 3 ans de croissance, le marché de l’ameublement a connu un décrochage l’an passé, le ramenant au niveau d’avant 2016, en raison de mises en chantier immobilier en recul. Cela n’a pas empêché la cuisine d’être la seule famille en progression, notamment grâce aux distributeurs spécialisés. Etat (chiffré) des lieux.
La Fnaem (Fédération française du Négoce de l’Ameublement et de l’Équipement de la Maison), l’Ameublement français et l’IPEA (Institut de Prospective et d’Etudes de l’Ameublement), ont publié début février les résultats détaillés de la filière ameublement pour l’année 2018.
- 2,7% en valeur en 2018 pour 9,50 milliards d’euros ttc
Ces derniers sont précédés d’un rappel : le marché du meuble a toujours fonctionné sur un rythme de cycles de croissance courts. C’est presque logiquement, serait-on tenté de dire, que l’année 2018 a marqué ainsi la fin de celui entamé en 2015. Après trois années consécutives en progression, le marché a ainsi vu son activité reculer de 2,7% en valeur en 2018 pour se stabiliser à 9,50 milliards d’euros TTC. Le marché a perdu plus de 250 millions d’euros, ce qui le ramène à une valeur inférieure à celle enregistrée en 2016, effaçant du même coup le bon exercice 2017.
Le premier semestre 2018 aura toutefois commencé sur le même rythme que la majeure partie de l’année 2017, c’est-à-dire de manière très erratique avec une alternance de bonnes performances et de reculs d’activité d’un mois à l’autre. Cela a permis au marché de limiter les pertes sur les six premiers mois de 2018 avec un bilan chiffré à la fin de cette période à -0,6%.
Le second semestre aura pour sa part été beaucoup plus difficile pour les acteurs du secteur, notamment sous l’influence d’un troisième trimestre 2017 particulièrement dynamique. Le dernier trimestre pour sa part n’aura fait que confirmer la tendance des neuf premiers mois. Le marché reste ainsi à fin décembre sur six mois de recul consécutifs de son activité et une performance de -4,6% en valeur pour le second semestre.
Le constat est simple pour l’année 2018, en ce qui concerne les performances des segments de produits sur le marché, seule la cuisine a enregistré une progression de ses ventes (+1,1%), notamment grâce aux spécialistes cuisine qui ont encore démontré la meilleure performance du marché en 2018 (+3,2%).
Si la literie est parvenue de son côté à maintenir son activité, les autres segments ont affiché pour leur part des reculs de performances assez marqués, notamment en ce qui concerne le meuble meublant (-5,2 %) et le rembourré - canapés, fauteuils, banquettes (-4,7%).
Quand le bâtiment tangue…
Le marché du meuble a toujours été très dépendant de l’activité sur les marchés de l’immobilier neuf comme ancien, même si certains segments de produits parviennent doucement à s’en affranchir. Toutefois, le déménagement demeure la première raison d’achats de meubles et ce sont toujours un tiers des meubles qui sont achetés par un ménage qui a emménagé depuis moins de deux ans. En 2018, l’activité en recul sur le marché de l’immobilier neuf aura constitué un obstacle supplémentaire à la bonne tenue du marché du meuble. Les mises en chantier n’ont pas atteint les 400 000 unités, en recul de 7% par rapport à l’exercice 2017.
La fédération française du bâtiment estime que les mises en chantier de logements neufs devraient reculer également dans des proportions proches de 7% en 2019, soit environ 25 000 unités mises en chantier en moins sur l’année. Si les nouvelles venant de l’immobilier neuf sont peu rassurantes, elles sont toutefois meilleures en ce qui concerne l’immobilier ancien. Le niveau toujours bas des taux d’intérêt pour les prêts immobiliers devrait permettre à l’activité de se maintenir dans les prochains mois à ces niveaux élevés qui constituent des records pour les années 2000.
Export : les conditions du succès
Le marché mondial du meuble représente 400 milliards d’euros et constitue de larges opportunités de conquêtes pour le marché français. La croissance de la filière meuble est poussée par une hausse des exportations à l’international. On constate en effet une hausse de 1,3 % des exportations en 2018. Malgré une croissance du PIB de la Chine moins dynamique que les années précédentes, les exportations françaises vers ce pays ont augmenté de 7,8 % sur la même période. Les responsables de l’étude soulignent que « ces bons chiffres s’expliquent par la capacité de la filière meuble française à innover et répondre aux besoins des ménages à l’international mais aussi par l’attractivité de la marque France au-delà de nos frontières. L’équilibre entre l’art de vivre à la française, le french design et l’excellence industrielle sont autant d’atouts du meuble français pour conquérir d’autres cultures. Le maintien d’une croissance forte en France est primordial pour favoriser le déploiement de la filière meuble à l’international. Pour dégager des capacités de financement de leurs efforts à l’exportation, les professionnels français ont en effet besoin d’un marché national dynamique. »
Et de conclure : « c’est pourquoi la filière meuble appelle le gouvernement à prendre une mesure simple et efficace pour relancer le marché français, en autorisant un déblocage temporaire du Plan Epargne Logement pour l’achat de meubles neufs. »
J.B
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